La culture du risque
Pourquoi s'intéresser au sujet et comment agir?
par Clara Bernay
https://clarabernay.com/
Transmettre de génération en génération les connaissances sur les évènements passés (inondations, séismes, etc.) est très important afin de sensibiliser la population à de tels phénomènes. Si les habitants sont au courant des risques encourus, il sera plus simple de tendre vers une réduction de la vulnérabilité individuelle et collective.
Les événements graves d'origine naturelle sont généralement peu fréquents, il est donc possible que la population présente aujourd’hui sur un territoire n'ait pas été confrontée à ce type d’événement, qui souvent leur semble “impossible”, “très exceptionnel”, voire “un peu fantasmé”. C’est pour lutter face à ce type de discours que la culture du risque est essentielle, afin que les usagers prennent conscience de leur propre vulnérabilité face à ces phénomènes et qu’ils comprennent les conséquences sur le territoire. Le but de cette transmission n’est pas de tenir un discours anxiogène et d’affoler la population, mais plutôt de l’informer des risques pour que chacun puisse agir de façon adéquate en cas de crise. Lorsque l’Homme a cherché à maîtriser ces phénomènes pour protéger la population, on a eu tendance à invisibiliser le risque et la transmission s’est perdue.
Quels intérêts pour les architectes?
Dans un premier temps, pour un·e architecte, la culture du risque est essentielle afin d’être informé·e et sensibilisé·e sur les risques et les enjeux présents sur son territoire. Avoir une pleine connaissance des risques, permet aux professionnel·les d’appréhender le territoire dans toute sa complexité et donc de proposer des solutions adaptées et singulières pour les projets qui leurs sont confiés. Pour un·e architecte, le second intérêt de transmettre la culture du risque est de faciliter la communication avec les maîtres d’ouvrages. Si la commune, ou le propriétaire d’un bien est sensibilisé aux risques encourus, il sera plus facile de discuter avec lui des solutions pouvant être apportées à son projet afin de réduire sa vulnérabilité. Une personne informée est plus encline à la discussion, elle est déjà sensibilisée, il est donc plus facile de passer à l’étape suivante : les solutions.
Mais alors comment agir et participer à la culture du risque?
Qu’il s’agisse de projets artistiques, de projets à l’échelle urbaine ou architecturale, plusieurs expérimentations ont déjà été réalisées et participent ainsi à transmettre cette culture du risque. Par exemple, le projet artistique “Les Arbres Bleus” est un dispositif de sensibilisation du grand public soumis au risque inondation, réalisé pour la première fois à La Rochelle. C’est un procédé simple et peu coûteux qui matérialise in situ la hauteur des Plus Hautes Eaux Connues (PHEC) en peignant en bleu la hauteur d’eau déjà atteinte sur les arbres. C’est un dispositif qui vient en complément des repères de crue, en leur donnant une autre dimension et donc une plus grande visibilité. Ainsi, même à l’échelle architecturale il est possible de participer à cette culture du risque, en mettant en avant une structure parasismique par exemple, ou en intégrant des repères de crue dans l’écriture architecturale du projet. Le fait que ses éléments évoquent des événements passés participe à maintenir cette conscience du risque auprès du grand public.
Aussi, lors de la réalisation d’un projet, la prise en compte du risque et de la réduction de vulnérabilité sont des éléments essentiels. Vos choix structuraux, vos choix de matériaux ou d’usages sont à mettre en avant afin de participer au développement d’une culture du risque. Il ne faut surtout pas hésiter à parler de vos projets en mettant en avant les adaptations faites spécialement sur ces questions. L’association des ARM peut vous apporter une visibilité sur vos projets en mettant en avant votre profil et/ou vos projets.
Tous types de communication autour de ces sujets est essentiel, n’hésitez pas à faire preuve d’ingéniosité et de créativité pour mettre en avant l’aléa dans vos projets et donc participer activement à la culture du risque.